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MIRA AGDAL

« Je vis en Tunisie depuis dix ans. Djerba est pour moi un refuge où je peux échapper à une certaine routine. Je m’y inspire de la réalité hôtelière : l’installation touristique comme une sphère impersonnelle, créée pour des gens momentanément sans adresse, un point de transit qui défie le moment et la variabilité ; l’antithèse d’une maison – une surface apprivoisée et personnalisée avec une histoire et une mémoire accumulées.

En tant qu’éternelle touriste, je parle de ces lieux dans ma propre langue. Mon interprétation est individuelle. Je modifie la composition selon mes propres aspirations, je la rends irréelle. Le monde dans mes cadres est toujours aplati, j’omets intentionnellement les détails, les éléments de paysageou de nature pour donner une atmosphère de ralentissement. Les silhouettes des personnes sont suspendues et  normalement raides comme si elles créaient un univers existentiel séparé. Pour moi, le triptyque n’est pas tant le reflet d’un lieu que d’un état. Je le dédie aux voyageurs hors saison. Ceux pour qui la destination n’est pas l’endroit où ils vont, mais une nouvelle perspective d’où regarder le monde. Le tourisme contemporain est une contradiction : un déni du vrai voyage car il offre un tour du monde formaté où les gens perdent leur expérience individuelle. »

MIRA AGDAL (2022)

FARES CACHOUX

« Les ruelles paisibles du village de Djerbahood et les murs des charmantes maisons qui les bordent m’ont semblé être l’endroit idéal où diffuser mon travail. S’il me faut retenir un endroit en particulier, je retiens le cimetière de l’île. Ce lieu est entré en résonance avec l’une de mes oeuvres intitulée Mouette en Méditerranée car c’est à cet endroit que reposent les corps de centaines de migrants anonymes noyés en tentant de rejoindre l’Europe par la mer et repêchés sur les plages de Djerba. »

FARES CACHOUX (2022)

IT’S A LIVING

« Djerba est une île pleine de beauté et de gens agréables. Les mots que j’ai choisis ont été inspirés par le fait que Djerba est l’île des rêves, comblant ainsi les miens par l’invitation à peindre dans un endroit aussi riche en culture. »

IT’S A LIVING (2022)

HOROR

ARDIF

« Djerbahood a été pour moi comme une définition physique du street art. Un musée à ciel ouvert,un labyrinthe urbain où chaque coin de rue est une nouvelle toile, une nouvelle rencontre artistique. La multiplicité des artistes et des inspirations crée une richesse d’inspiration unique. Toutes ces oeuvres dialoguent très bien avec l’ambiance du lieu, si typique par son architecture et sa population. Je suis vraiment heureux d’avoir pu à la fois avoir des mechanimals sur céramique et peindre un des murs avec les flamants roses typiques de l’île. »

ARDIF (2022)

MOHAMED L’GHACHAM

« Mon travail porte sur la vie quotidienne, l’histoire et la mémoire des gens. À Djerba, je savais que je voulais travailler sur ce thème, mais je ne savais pas exactement quel type d’image j’allais représenter et, là, j’ai changé le format pour le rendre beaucoup plus grand. Je pense que lorsque vous changez le format de ce genre de photographies qui ont généralement la taille d’une carte postale, le public leur donne en quelque sorte une autre importance. Et j’ai décidé de peindre un moment important de la famille de Fatma et Najiba.

Ces deux femmes étaient chargées du déjeuner et du dîner pendant toute la durée du projet, de sorte que le lien avec les personnes représentées était totalement authentique avec l’espace et le projet dans lequel la peinture allait s’insérer. J’essaie de faire de mes peintures murales un dialogue avec les gens et la ville. Je pense que les deux peuvent faire en sorte que les gens qui vivent avec elles se sentent représentés et les intègrent comme un élément de leur vie quotidienne, et non comme une charge visuelle. »

MOHAMED L’GACHEM (2022)

YRAK

« Djerbahood a été une expérience très enrichissante tant sur le plan humain qu’artistique, par les rencontres avec les artistes, les habitants d’Erriadh et l’histoire de l’île. Sur la partie création, la réflexion constante sur la façon de se placer pour être vu sans dénaturer correspond à un état d’esprit qui fait écho à mon oeuvre depuis des années maintenant. L’utilisation des volumes des maisons très géométriques s’est trouvée en symbiose avec ma vision de l’appropriation du support, m’amenant à jongler entre peinture et mosaïque pour réaliser les fresques. »

YRAK (2022)

PAKONE

« Pour la petite histoire, les premiers cerisiers offerts par l’ambassade japonaise à la Tunisie auraient commencé à fleurir en 2019. Ces cerisiers sont le symbole de la paix et du renouveau de la nature.

À Djerba, j’ai donc choisi de planter un sakura : une vision onirique et poétique qui s’intègre au milieu des bougainvilliers roses qui bordent les maisons blanches. Les pétales peints semblent danser avec les pétales des bougainvilliers qui ne cessent de tournoyer avec le vent s’engouffrant dans les ruelles de la médina. Ce sakura est un peu le miroir éphémère de l’art urbain, voué à disparaître puis à renaître. Une oasis culturelle, dans un lieu chargé d’histoire et de fraternité. »

PAKONE (2022)

WEN2

« Arrivé à Djerba, je découvre l’île avec les yeux d’un enfant n’ayant jamais mis les pieds au Maghreb. Ambiance, climat, architecture, tout est différent pour le Brestois que je suis. L’accueil réservé par le staff (Fatma, Cyrine, Moon, Faratt…), la durée du séjour et le logement au coeur de la vie djerbienne m’ont permis de m’imprégner de l’ambiance locale et d’en nourrir ma réflexion. Une fois trouvé le mur dans une rue commerçante, je me mets au dessin de ma création. Chose inhabituelle chez moi plus habitué à un long travail préparatoire en amont. Mais, rencontre après rencontre, ballade après ballade, naît dans mon esprit une composition, mélange d’architecture locale, de souks et de détails du quotidien djerbien, surplombée par le phare de Taguermess. Puis vient la réalisation en elle-même entre chaleurs étouffantes, échafaudage bancal et travail nocturne pour être « à la fraîche » : cette peinture a été une de ces aventures dont on ressort grandi. Finalement, j’en repars satisfait d’avoir pu créer « mon » Djerba à la sauce Wen2. »

WEN2 (2022)

MOMIES

« Quand je suis arrivé à Erriadh, la blancheur immaculée des maisons et la lumière qui s’en dégage m’ont tout de suite inspiré et donné l’envie de peindre. La sérénité et la luminosité incroyables de ce village m’ont permis de peindre d’une autre façon que celle que je pratique habituellement. Djerbahood est une oasis pour les artistes de tout bord et un terrain artistique exceptionnel. »

MOMIES (2022)

B-TOY

« Dans cette deuxième édition de Djerbahood, la source d’inspiration a été l’essence même de la matière et de la Méditerranée. Ma peinture s’enracine naturellement dans la Méditerranée et le caractère méditerranéen de l’environnement, nature et vivant : catalan, minorquin, italien, tunisien, grec, romain… Dans le bassin méditerranéen, se sont développées différentes civilisations – la gréco-romaine, la judéo-chrétienne et l’islamique – qui se sont cristallisées dans une culture méditerranéenne, avec des traits communs qui amortissent les diversités politiques et religieuses. Indigo classique, vert, rouge terre, ocre jaune et pigments dorés, mêlés à la tradition des portraits de femmes autonomes dans des lieux profondément enracinés dans la terre, et la mer, à la matière…

Une partie de mon travail utilise des supports circulaires. Cette figure exprime symboliquement le sens de la vie humaine et de l’univers. Le cercle est le symbole primordial qui contient tout. La peinture doit être interprétée à partir du désir d’intégrer l’art et la vie, indissolubles et inséparables, en essayant de donner de l’organicité et de la temporalité à la création artistique. Ainsi conçue, la peinture n’est rien d’autre qu’une poétique de la pénétration de la réalité.

Je propose un parallélisme entre cuisine et peinture car la matière picturale doit être « cuite » dans l’acte de peindre. Toute oeuvre d’art est un élément culturel qui doit conserver sa spiritualité transcendante, sa résonance hors de sa propre existence, c’est-à-dire « se transcender » et aller au-delà de soi. Il ne suffit pas d’être original ou de paraître original, mais de maintenir cette originalité comme expression sincère et authentique de l’âme de l’artiste. »

B-TOY (2014 – 2022)

ALEXIS DIAZ

« Tout m’est venu sur place. Je n’avais fait aucune esquissepréparatoire. Je me suis entièrement inspiré de l’espace,de mon ressenti en arrivant ici et en cherchant un mur.

C’est comme cela que j’aime travailler. »

ALEXIS DIAZ (2014)

INTI

« On a rarement le temps et l’occasion de s’immerger dans le lieu que l’on va peindre avant de commencer à travailler, et de cette façon peut-être faire quelque chose qui a du sens pour les habitants. Ce mur, Amazigh Pottery, tente de mettre en valeur les cultures qui ont peuplé et peuplent encore l’île, en reconstruisant avec de nouvelles mains un vieux vase des Amazighs, une culture qui, malgré le temps, reste tapie dans ses coutumes et ses histoires. »

INTI (2014 – 2022)

DAVID DE LA MANO

« À Djerba l’inspiration est multisensorielle. Lumière, odeur, goût, toucher, son, etc. Cette fois, je me suis intéressé aux différentes strates de l’Histoire qui laissent leur empreinte sur l’architecture, les traditions, le paysage… et bien sûr sur ses habitants. Le réseau humain qui s’entremêle en permanence me semble essentiel dans un lieu où chacun est le protagoniste.

Je considère également qu’il est important de mettre en évidence le lien naturel de communication entre les peintures murales et les habitants de Djerba. »

DAVID DE LA MANO (2014 – 2022)

WISIGN

« Djerbahood concentre des oeuvres d’artistes internationaux dans le vieux village d’Erriadh. Historiquement connu pour son brassage culturel et religieux, ce village perpétue cette parfaite harmonie entre habitants issus de toutes les cultures et religions. Dans mes oeuvres on distingue subtilement les représentations musulmanes, juives et chrétiennes afin de rappeler l’héritage de ces trois religions qui ont marqué l’île de Djerba et plus généralement la Tunisie. »

WISIGN (2014 – 2022)

M-CITY

« À Djerba, c’est la modestie qui est le plus inspirant. Rien n’est trop grand ou trop petit ici. Les gens vivent à leur propre rythme dans un endroit magnifique sur une petite île où le sable et la mer se rejoignent. Il est bon de travailler dans un endroit convivial où l’on se sent comme à la maison. »

M-CITY (2014 – 2022)

ST4 CREW

« Pour nous artistes contextuels, Djerbahood a été une expérience enrichissante grâce aux échanges avec les résidents et les artistes. Les conversations et les moments partagés ont alimenté notre vision en élargissant notre perspective sur l’environnement dans lequel nous travaillons.En outre, l’esthétique architecturale unique du quartier nous a mis au défi d’intégrer nos fresques d’une manière qui s’harmonise avec elle et traduise la spécificité et la singularité du paysage. »

ST4 CREW (2014 – 2022)

SALMA

« Le retour à Djerbahood depuis 2014 a été plein de moments intenses et émouvants. Retrouver le village et son authenticité presque inchangée, la magie intimiste de ses ruelles labyrinthiques, l’éclatante blancheur de ses murs. Et toujours cette impression d’intemporalité si inspirante, ressourçante, une atmosphère humble et extravagante à la fois. L’immobilité d’un corps en lévitation, posture statique, méditative, écho d’une spiritualité ambiante sur la façade intime d’une habitation.

Contrairement à la première fois la composition n’a pas été travaillée directement. in situ mais découpée sur une plaque métallique, peinte à l’acrylique et accrochée par la suite sur le mur. »

SALMA (2014 – 2022)

WISSEM

« Je vois dans Djerbahood une concrétisation du pouvoir transformateur de l’art et de l’action culturelle, aussi une démonstration d’un élan participatif sur une oeuvre du coup collective qui vient s’immiscer dans tous les recoins, au sens propre et figuré, et tout ça, ça m’inspire de l’espoir… »

WISSEM (2014 – 2022)

ZIED LASRAM

« L’événement Djerbahood m’a permis de partager de beaux moments d’échange, et de vivre-ensemble avec des artistes internationaux. »

ZIED LASRAM (2014 – 2022)